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I.A. & Cyberpunk (Futur Déjà Vu)
Project type
Writings
Date
2025
𝗜.𝗔. & 𝗖𝘆𝗯𝗲𝗿𝗽𝘂𝗻𝗸
La tendance à représenter l’intelligence artificielle (IA) par des robots et des environnements cyberpunk s’enracine dans une fascination culturelle pour l’anthropomorphisme et la science-fiction.
Cette inclinaison est ancienne. Les récits mythologiques évoquaient déjà des créatures artificielles — reflet d’un désir humain de comprendre et de reproduire la vie.
L’esthétique cyberpunk, popularisée par des œuvres comme Blade Runner ou Neuromancer, montre des futurs dystopiques où haute technologie et dégradation sociale coexistent. Ces codes influencent fortement notre manière de représenter l’IA.
Qu’il s’agisse d’un humanoïde chromé ou d’une ville saturée de reflets numériques, ces images s’appuient sur des schémas établis depuis des décennies. Rien d’étonnant, puisque l’IA est née, culturellement, dans la science-fiction.
Mais à force de rejouer les mêmes images, un effet de boucle s’installe.
Elles nourrissent des attentes précises autour de l’IA — parfois fascinées, parfois inquiètes. Elles amplifient des récits extrêmes, souvent éloignés des usages actuels.
Des chercheuses comme Emily M. Bender invitent à sortir de ces prismes. Elle rappelle que bien des IA — notamment les agents conversationnels — relèvent du “perroquet statistique” plutôt que d’une conscience.
Cela n’annule pas la valeur esthétique des images produites. Mais cela invite à élargir le regard.
Donner un corps à l’IA permet de rendre visible l’invisible. Mais cela fige parfois l’imaginaire, en reconduisant des formes familières.
Ces codes ne sont pas sans intérêt. Ils peuvent générer des œuvres d’une grande maîtrise. Mais aujourd’hui, où les outils sont accessibles, la prise de risque ne réside peut-être plus dans le rendu.
La singularité d’une image ne dépend plus seulement de sa technique, mais du cadre qu’elle interroge.
Et si l’originalité ne résidait pas dans la rupture, mais dans le degré de lisibilité culturelle?
Ce qui circule bien, c’est souvent ce qui est reconnaissable. Ce qui active des références partagées. Ce qui s’insère facilement dans une grammaire visuelle déjà connue.
Ce n’est ni bien ni mal. C’est un fonctionnement observable.
Mais cela ouvre peut-être une zone à explorer : un entre-deux. Un espace entre le familier et l’inédit. Entre l’immédiatement séduisant et l’expérience plus diffuse.
En conclusion, la représentation de l’IA par des figures robotiques ou des paysages futuristes s’inscrit dans une tradition forte, mais pas unique.
Pour enrichir notre compréhension et notre utilisation de l’IA, il est crucial d’explorer des perspectives nouvelles et originales, libérées des contraintes de l’imaginaire traditionnel.

